"Rien ne manquait, pas même la neige !"
Ce sont les paroles de sainte Thérèse de Lisieux, prononcées le jour où elle a reçu l'habit carmélitain.
D'où vient cet amour de la neige ? Peut-être est-ce parce que j'étais une petite fleur d'hiver, et que la première parure dont mes yeux virent revêtue la nature fut son manteau blanc. J'avais toujours souhaité qu'au jour de ma prise d'habit, la nature se pare de blanc comme moi.
Thérèse est née le 2 janvier 1873 et est parfois appelée Sainte Thérèse de la Petite Fleur. Au plus profond de cette saison hivernale, j'ai pensé que ce serait le bon moment de jeter un œil à son autobiographie, Histoire d'une âme , pour mieux comprendre pourquoi.
Jardin de Jésus
Sainte Thérèse a souvent utilisé les fleurs et les jardins comme images de la vie spirituelle. Elle écrit sur la façon dont nous sommes chacun une fleur dans le jardin de Jésus. Pour s'épanouir, un jardin doit avoir quelqu'un pour s'en occuper, pour en prendre soin. Les fleurs ne poussent pas toutes à la même vitesse, ni à la même hauteur. Pourtant, la vitesse de croissance et la taille d'une fleur ne sont pas ce qui compte le plus. Un jardin est planté pour être apprécié, pas pour des raisons d'utilité. Thérèse nous rappelle que Jésus nous aime. Il ne nous demande pas d'être à la hauteur de ceux que nous voyons à notre droite ou à notre gauche. Il nous demande simplement d'accepter sa volonté .
Jésus a daigné m'enseigner ce mystère. Il a mis devant moi le livre de la nature; J'ai compris combien toutes les fleurs qu'Il a créées sont belles, comment la splendeur de la rose et la blancheur du Lys n'enlèvent ni le parfum de la petite violette ni la délicieuse simplicité de la marguerite. J'ai compris que si toutes les fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa beauté printanière, et les champs ne seraient plus parés de petites fleurs sauvages.
Et il en est ainsi dans le monde des âmes, le jardin de Jésus. Il a voulu créer de grandes âmes comparables aux Lys et aux roses, mais Il en a créé de plus petites et celles-ci doivent se contenter d'être des pâquerettes ou des violettes destinées à réjouir les regards de Dieu lorsqu'Il regarde ses pieds. La perfection consiste à faire sa volonté, à être ce qu'il veut que nous soyons.
Les hivers de l'épreuve
Thérèse est née dans une belle famille aimante. Ses parents et ses sœurs lui étaient dévoués et même elle avoue être très gâtée. Pourtant, malgré une enfance charmante, elle endura aussi beaucoup de souffrances.
Elle a réfléchi au décès de sa mère en écrivant:
Tout me souriait vraiment sur cette terre : je trouvais des fleurs sous chacun de mes pas et mon caractère heureux contribuait beaucoup à rendre la vie agréable, mais une nouvelle période allait commencer pour mon âme... De même que les fleurs du printemps commencent à pousser sous la neige et s'épanouir aux premiers rayons du soleil, ainsi la petite fleur dont j'écris les souvenirs dut traverser l'hiver de l'épreuve.
En écrivant sur l'absence de son directeur spirituel, qui ne lui communiquait qu'une lettre par an (à ses douze), elle dit:
La petite fleur transplantée au mont Carmel devait s'épanouir à l'ombre de la croix.
Malgré les grandes et les petites souffrances qui se sont présentées à elle, elle a choisi de les embrasser plutôt que de simplement les endurer. Elle a compris que la rédemption se trouvait à travers de grandes souffrances. C'était presque comme si la souffrance était son langage d'amour envers le Seigneur, et en l'aimant de cette façon, son âme s'agrandissait.
Oui, mon Bien-Aimé, c'est ainsi que ma vie sera consumée. Je n'ai d'autre moyen de te prouver mon amour que de semer des fleurs, c'est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, pas un regard, un mot, de profiter de toutes les moindres choses et de les faire par amour. Je désire souffrir par amour et même me réjouir par amour ; et ainsi je répandrai des fleurs devant ton trône. Je n'en rencontrerai pas sans vous l'éplucher. Pendant que je répandrai mes fleurs, je chanterai, car peut-on pleurer en faisant une action aussi joyeuse ? Je chanterai même quand je devrai cueillir mes fleurs au milieu des épines , et mon chant sera d'autant plus mélodieux en proportion de la longueur et de l'acuité des épines.
Jeter des fleurs
Il y a un vers de Thérèse que j'adore imaginer ! Elle écrit sur son amour pour les jours de fête. Enfant, elle aimait particulièrement ceux qui honoraient le Saint-Sacrement par une procession eucharistique. J'aime son émerveillement et sa joie enfantins !
Quelle joie ce fut pour moi de jeter des fleurs sous les pieds de Dieu ! Avant de les laisser tomber à terre, je les lançai le plus haut possible et je ne fus jamais aussi heureux que lorsque je vis mes roses toucher l'ostensoir.
Elle reconnaît également que Jésus la poursuit, ne manquant jamais de la séduire par ce qu'il sait apportera une grande joie à son cœur.
Vous savez, chère Mère, combien j'aime les fleurs; en me faisant prisonnier à l'âge de quinze ans, j'ai renoncé pour toujours au plaisir de courir dans les champs parés de leurs trésors printaniers. Eh bien, jamais de ma vie je n'ai possédé autant de fleurs qu'après mon entrée au Carmel. C'est la coutume pour les fiancés d'offrir souvent des bouquets à leurs fiancées et Jésus ne l'a pas oublié. Il m'envoya en abondance des gerbes de bleuets, d'énormes marguerites, des coquelicots, etc., toutes les fleurs qui me ravissaient le plus. Il y avait même une petite fleur appelée corncockle que je n'avais jamais retrouvée depuis notre séjour à Lisieux ; J'avais très envie de la revoir, cette fleur de mon enfance que j'avais cueillie dans les champs d'Alençon. Et au Carmel il est venu me sourire à nouveau et me montrer que dans les plus petites choses comme dans les plus grandes, Dieu donne le centuple dans cette vie à ces âmes qui quittent tout par amour pour Lui.
Enfant, ma mère m'a appris à faire attention à la façon dont Dieu se manifeste dans ma vie. Comme il est beau d'être conscient de la façon dont Jésus désire nous ravir et nous sourire. Pour ma mère, c'est voir un cardinal rouge. Pour moi, c'est un arc-en-ciel qui s'étend dans le ciel.
Comment Jésus vous sourit-il ?